Je m’appelle Anne mais tout le monde m’appelle Jeanne, vous vous demandez surement pourquoi. La raison est simple j’entends des voix comme la célèbre Jeanne d’Arc. Si pour elle l’explication était rationnelle et psychologique, la mienne est plus surnaturelle. Pourquoi surnaturel ? car dans mon cas les voix sont belles et bien réelles, je vais vous conter mon histoire.
Lorsque je n’étais qu’une enfant de 8 ans et que je marchais dans la rue, j’ai commencé à entendre des voix qui m’interpellaient. Elles étaient rarement claires, comme si plusieurs personnes essayaient de me parler, toutes en même temps dans un chuchotement inaudible.
Au départ je n’y prêtais guère attention, cela était pour moi le simple fruit de mon imagination, mais plus les jours passaient plus les voix étaient présentes et surtout certaines d’entre elles commençaient à devenir plus fortes et plus compréhensibles. Je ne comprenais pas ce qui se passait, j’essayais d’en parler à mes parents mais pour eux cela n’était rien de plus que le résultat tout droit sortit de l’imagination d’un enfant.
Les années passaient et ces voix étaient toujours et encore présentent, je passais mon temps à me retourner pour voir qui me parlait, à répondre à des voix qui me semblaient réelles. Malheureusement cela m’a valu dans mon entourage le surnom de Jeanne. Mes parents eux non plus n’y croyaient pas, ils m’ont envoyé voir un psychologue, qui bien évidemment à cocher la case de problème psychiatrique. J’ai dû suivre un lourd traitement médical, mais rien, toujours ces voix, qui bourdonnaient dans ma tête. Bien au contraire cela me rendait vraiment mal en point, je sentais que mon corps n’était pas en accord avec ces produits, mais pensant que cela était pour mon bien j’ai continué à les prendre.
Je me sentais de plus en plus à l’écart des gens, pour eux j’étais une folle qui devait prendre des cachets pour être normal, je commençais même à y croire a contre cœur. C’est alors que j’ai pris la décision à ma majorité de partir loin de tout afin de recommencer ma vie ailleurs, là où personne ne me jugera. J’avais ce besoin encré au fond de moi qui me poussait à réagir de la sorte.
A mes 18 ans, je me trouve un petit appartement dans un tout petit village, où règne un silence absolu. Les premières journées je me sens revivre, le calme se fait ressentir, même dans mon esprit. Je décide alors de mettre de côté ce poison qui me tuait à petit feu et je me dis que ça y’est tout est fini, fini les moqueries, fini les médicaments, je vais enfin pouvoir sortir la tête de l’eau. Du moins c’est ce que je pensais.
Un petit matin lors d’un week end, alors que je profite d’un petit déjeuner au calme devant la télé, j’entends une voix, qui m’interpelle avec un « Bonjour Anne, bien dormi ? ». J’en ai eu les frissons, je suis resté paralysé sans comprendre ce qui se passait. J’éteins la télé, je prends une grande bouffée d’air et là de nouveau la voix « Dis donc Anne, ce n’est pas très poli d’ignorer les gens ».
C’est alors que je me mets à crier de toute mes forces « SORTEZ DE CHEZ MOI !!!! » en espérant faire fuir, la personne qui s’était introduite chez moi. Il y’a un silence pendant 5 secondes qui m’ont paru une éternité, puis de nouveau « Désolé de t’avoir surprise Anne, mais je ne peux pas sortir de chez toi, je suis chez moi également ».
Alors que tout allait bien, je commence à me dire que ce passé que je refusais d’accepter est bel et bien réelle, je suis folle, et rien n’y personne ne pourra m’aider. Je m’effondre alors sur le sol, en pleurant toutes les larmes de mon corps tout en répétant « Par pitié sortez de ma tête, je vous en supplie, laissez-moi tranquille ».
La voix prend un ton d’une douceur que je n’avais jamais ressenti de ma vie et me dis ces mots « Anne, tu n’es pas folle, je sais que cela peut te sembler étrange, mais j’existe bel et bien, et je suis présent depuis le début. Sache que ne te veux aucun mal, juste discuter. Cela fait bien trop longtemps qu’une personne comme toi viens en ces lieux, ce que tu as là n’est pas de la folie, mais un don ».
Dans ma détresse je ne comprends pas ce que cette personne veux me dire, j’essaie tant bien que mal à la chercher, mais il n’y as personne.
La voix continue alors de me parler « Anne, écoute-moi, tu n’es pas seule en ces lieux, je ne suis pas ce que tu appelles d’ailleurs une personne, je vis à travers les murs. De ce que je comprends, ce n’est pas la première fois que tu entends des voix comme la mienne. Alors écoute moi bien, ce que tu entends est la voix des murs. Chaque bâtiment, chaque structure à sa propre voix, malheureusement personne, ou presque ne peux nous entendre. On cohabite avec vous, on vous apporte notre soutien en vous protégeant de l’extérieur et cela depuis des millénaires. Accepte tu d’écouter mon histoire, ou plutôt notre histoire ? »
Ses paroles étaient tellement sincères, j’ai ressenti en ces mots, tellement de pureté que cela m’a apaisé, j’ai voulu lui faire confiance. Je ne sais ce qui m’as poussé à le faire mais une force en moi m’as poussé à lui faire confiance et de l’écouter. J’accepte alors de l’écouter et il s’est mis à me raconter son histoire.
Il n’avait pas de nom, j’ai alors décidé de l’appeler Hans, et c’est ainsi que Hans m’as transmis son histoire, son vécu, que ce soit les bons ou mauvais moments. J’avais les larmes aux yeux, c’est la première fois depuis des années que j’ai pu discuter avec quelqu’un sans que celui-ci a une quelconque intention de se moquer de moi.
Il m’a expliqué qu’a une époque lointaine, il existait de nombreuses personnes comme moi a qui les murs confiaient leurs peines et leurs maux et que sans ces personnes, les structures qui recevaient toutes nos émotions négatives, se fragilisaient. Ce qui explique pourquoi de nombreux bâtiments au cours des ces dernières années se sont effondrées.
Il m’a remercié de l’avoir écouté, et m’as demandé si j’acceptais d’être la nouvelle ??? c’est comme cela que sont appelés les personnes qui comme moi ont ce don. Je lui ai répondu qu’il me fallait du temps pour digérer toutes ces informations mais que j’y réfléchirais.
Après une nuit de sommeil courte, je suis revenu vers Hans et accepta sa demande en lui disant ces mots « Je ne sais pas si je rêve, si je suis folle ou si cela est la vérité mais j’ai ressenti une véritable sincérité dans tes mots. Et même si je dois passer pour une folle aux yeux des autres, peu m’importe. Tu m’as aidé et ouvert les yeux, a moi de t’aider, de vous aider en retour. J’accepte donc ta demande ». Hans m’a alors simplement remercié sans faire de long discours.
Plusieurs semaines se sont écoulés et avec Hanz on a créé une véritable amitié, on vit comme de vrais colocataires, tous les jours on se raconte nos journées, moi mon travail et lui ses relations avec ses voisins. Voisins que j’ai d’ailleurs hâte de rencontrer et d’écouter leur histoire.
Avec le temps, je me suis mis en quête d’écouter les différents bâtiments de mon village, dès que l’occasion se présentait je me baladais dans mon village, je m'asseyais près d’un bâtiment et je discutais avec celui-ci. Les passants me prenaient probablement pour une folle à parler seule, mais peut m’importe cela ne me touche plus. Et même si pour eux cela paraissait être un acte de pure folie, je savais au plus profond de moi que cette folie apporterait du bien autour de moi.
Depuis, des années se sont écoulées, les gens m’appellent toujours Jeanne, mais maintenant c’est avec le sourire que je le prends. Avec Hanz tout se passe à merveille, et je profite de mes vacances à voyager afin d’entendre des nouvelles histoires, histoires que je m’empresse de raconter à mon très cher ami Hanz.
Lien vers les commentaires : Le murmure des murs
.